Création 2023
Duo
Conception et interprétation Aymeric Hainaux, François Chaignaud
Collaboration artistique Sarah Chaumette
Création costumes Sari Brunel
Création et régie lumière Marinette Buchy
Régie son Jean-Louis Walfart, Patrick Faubert
Production Mandorle productions. Agence de diffusion à l’international APROPIC. M
andorle productions est subventionnée par le Ministère de la Culture (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes) et la Région Auvergne-Rhône-Alpes. François Chaignaud est artiste associé à Chaillot – Théâtre national de la Danse ainsi qu’à la Maison de la danse, Lyon – Pôle européen de création et à la Biennale de la danse de Lyon.
Coproductions MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis ; Festival d’Automne à Paris ; Charleroi danse, centre chorégraphique de Wallonie – Bruxelles ; Maison de la danse, Lyon – Pôle européen de création ; Festival Next ; Theater Rotterdam ; Triennale di Milano ; KunstFestSpiele Herrenhausen Hannover ; Bonlieu Scène nationale Annecy. Soutiens Espace Pasolini/Laboratoire artistique Valenciennes ; La Villette, Paris – Initiatives d’Artistes ; Malraux, scène nationale de Chambéry Savoie ; Les Aires – Théâtre de Die et du Diois, scènes conventionnées d’intérêt national – « Art en territoire ». Remerciements Balakumar, Edouard Prabhu, Prune Becheau.
Le contact avec François s’est fait sous une longue impulsion de dix ans (entre les premiers mots échangés, les premiers gestes découverts et les mondes respectifs aperçus). Je me souviens de ses remerciements à notre rencontre en juin 2010 à laFondation Cartier, de son visage me les disant.
Et il y a eu Dub Love.
Un jour, une amie qui me parlait de François me montra Dub Love. Pour moi le dub est lié à quelque chose en perpétuelle élévation. Toute une machinerie (système de son, platine, câbles…) imposante vient bouleverser le plateau en produisant un son colossal. Je voyais sur la vidéo des gens sur la pointe des pieds, tenter de se maintenir debout (à grand coups d’efforts et de tension je pense). Ils étaient engloutis de basse et d’écho diffusés par ce système de son monumental, et naissait de cet impact une immense sensualité. Je voyais ici un usage vraiment très poétique du dub, un orage sans pluie, quelque chose de presque mythologique (biblique) qui me touchait.
En 2018, nous ne nous étions pas donné signe de vie, je ne m’informais même pas de son actualité quand j’ai repensé à lui et d’une manière toute spontanée je lui écrivais. Il partait pour Bergen (c’est encore flou mais j’ai le souvenir qu’il y allait pour quelque chose avec des fleurs et des rythmes, peut-être que je me trompe). À l’un de mes passages sur Paris, nous nous sommes retrouvés dans une brasserie. Nous parlions à nouveau du rythme venant du corps, de la cadence et des choses pauvres qui entraînent les corps.
Enfin à l’été 2020 dans un bref échange d’e-mails, nous comprenions qu’il se passait là une belle opportunité de se rencontrer à nouveau, mais pour fabriquer ensemble cette fois-ci. S’embarquer pour un rituel poussé par un rythme à sept temps. C’était à la Halle aux Cuirs.
Nous nous rejoignons sur un point d'intersection très précis ; une force (une poésie) qui évolue, gracieuse et primitive, une manière de nous débrouiller avec nos arts respectifs, où tous nos travaux aussi simples ou difficiles soient-ils, sont dominés par l’amour et l’aventure. Que va-t-il se passer ? Où cela peut-il me mener ? Je reste fasciné par l’utilisation qu’a François de son corps et sa soif intarissable d'apprendre, tout le temps, de tout le monde ; une plongée dans un « art total ».
Et c’est puissant de le re-rencontrer à chaque fois, rallumer un partage de poésie qui n’est pas si simple (nous sommes aussi deux blocs). Nous commençons à vivre et expérimenter les relations qu’entretiennent le souffle, le sol, l’air, les pieds, les muscles.
L’air (par la bouche) entre dans nos corps et maintient la vie en nous, c’est le souffle.La bouche est un instrument de musique qui me permet de donner (créer) des rythmes. Les pieds transportent nos corps. Le sol est un organisme vivant, c’est aussi une dalle de béton ou un plancher, mais avec nous dessus c’est quelque chose de fécond. Voici MIRLITONS.
Mirlitons est cette chance, enfin, de s’allier (de s’affronter) pour partir à l’aventure. Il s’agit là de danse et de musique (ou peut-être franchement de mouvements et de sons), les deux lignes conductrices de quasiment tous les rituels depuis cinq millions d’années. François, dans ses pas (foulées), décrit des actions vives, des danses anciennes, ancrées. Je viens compléter avec mes jambes aussi, et mes percussions vocales brutes, martiales, autoritaires et poétiques. Sommes-nous des guerriers dont la suprême résolution serait d’extraire de nos forces une fierté de marbre ?
Un noeud se forme, une boule de tension à nos approches. Des rythmes organiques et non-organiques martèlent la salle et forment sûrement un mur ou un halo. Un déchirement dans l’épuisement, de minuscules voix aiguës tentent de se comprendre.
Aymeric Hainaux
J’ai rencontré Aymeric Hainaux en 2010 lors d’une de ses performances dans laquelle, seul, mobile et voûté sur son micro, enragé et puissant, il restituait et imposait un monde par son seul art du beatbox. Je me suis senti proche de sa pratique, qui cherche à inventer un corps sonore et en mouvement. À travers différents projets, je cherche à faire du corps le support d’une expression multiple, aussi bien visuelle, chorégraphique que musicale.
Venant de la danse, j’essaie de conquérir la possibilité de faire de mon corps plus qu’une machine à créer et à reproduire des mouvements. En associant à l’écriture chorégraphique la pratique vocale et musicale, je recherche un art plus total, et aussi la possibilité de considérer les corps comme des véhicules qui peuvent héberger et charrier des archives (par la confrontation à la musique ancienne) et convier des dimensions plus spirituelles (notamment par l’effort et l’engagement que suppose le fait de chanter et de danser).
La pratique d’Aymeric m’inspire car elle me semble aussi viser cette expression totale par des techniques et des esthétiques très différentes. Le beatbox produit un monde imaginaire et mystique autant qu’il enregistre notre monde réel, dans ses sonorités industrielles, entêtantes et oppressantes. Nous avons gardé des contacts lointains et épisodiques, suivant nos recherches respectives, jusqu’à ce que nous nous retrouvions à l’été 2020 pour la première fois en studio. Le point de départ de nos retrouvailles s’est joué autour de rythmes impairs – à sept temps – qui sont comme des anomalies dans nos environnements occidentaux, orthonormés et binaires – formant aussi un défi pour nos pratiques respectives. C’est par la percussion des pieds sur le sol que j’ai cherché à me confronter à Aymeric, nous menant peu à peu à produire une musique percussive (talons contre le sol, lèvres contre le micro), implacable, claudiquante, fruste. Les pieds et la bouche s’opposent, les corps se sculptent et s’engagent par ces deux extrémités, nous plaçant dans un lieu connecté autant au souterrain qu’aux cieux. Notre rencontre est devenue un affrontement, une compétition, une alliance, un rituel – sombre et épuisant, semblant appeler son antidote, son envers. Ces quelques moments dans l’opacité du studio ont affermi notre désir de nous retrouver régulièrement pour laisser s’échapper, s’affronter et se réconforter ces mirlitons.
Le lieu est une arène. Deux corps masqués, martiaux, méconnaissables, humbles et cliquetants. Des micros, des enceintes, des praticables, des cloches, des souliers. Un rituel, des présentations, un affrontement, un noeud, un dénouement. Une saturation totale des fréquences et des muscles : une thérapie par l’excès. Corps et sons déchirés entre la mélancolie des rituels disparus et l’agressivité de l’actualité. Lèvres et talons en quête d’un code oublié. Beatbox et percussions en duel, gracieux et endurant : un mur, un halo, un monde ancien, perdu face aux sueurs toxiques, ensevelies de deux lutteurs.
François Chaignaud
novembre 2022
Si Aymeric Hainaux vient initialement des arts visuels, (il s’est d’abord orienté vers la bande dessinée aux Beaux-arts d’Angoulême, puis vers la peinture), il est engagé dans une approche très personnelle du human beatbox. Il crée des sons de machine aussi précis que la fameuse RolandTR909 et sa technique sans pareil fait de lui un des artistes majeurs de cet art. Il « joue ce qui se passe », ses performances sont une musique de l’instant présent, attentives au silence et au geste. Pas de pédale de boucle, un micro, quelques cloches, un harmonica et parfois un lecteur cassette, une création en direct uniquement. Il collabore avec Christine Quoiraud, Tanya Tagaq, Kenzo Kusuda, Oguri, ErikM, Anne Lise Le Gac.
En 2005, il entreprend une tournée en solo et en auto-stop. L’aventure durera huit ans pendant lesquels il parcoure 40.000km chaque année, pour presque 700 performances sur 3 continents. Avec le joueur de banjo Stéphane Barascud il crée en 2013 le duo de musique brute Cantenac Dagar. Ils ont sorti une dizaine de disques et ce duo demeure son principal projet musical. La diversité de ses projets l’amène à performer aussi bien dans des arrière-salles de restaurants que dans des lieux d’art. On peut citer notamment en France : Mixart Myrys, le CND, les siestes électroniques, le palais de Tokyo, le festival Sonic Protest… Son label Isola Records, qu’il pilote depuis 2011, présente des livres, cassettes, CD et vinyles d’artistes et groupes se tenant aux frontières du concert et de la performance. Il développe également un travail d’écriture poétique, d’édition et de graphisme. En 2023, il participe à la bande son du film Goutte D’or de Clément Cogitore.
Diplômé en 2003 du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, François Chaignaud a collaboré avec de nombreux·ses chorégraphes (Alain Buffard, Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh ou Gilles Jobin). Depuis 2004, il mène un parcours multiple de danseur, chorégraphe, chanteur, acteur, historien et artiste de cabaret. Son travail, très tôt marqué par l’articulation du chant et de la danse (Думимої, 2013), est aussi nourri de recherches historiques approfondies pour ses propres pièces comme pour les nombreuses collaborations qu’il mène (avec Jérôme Marin, Marie Caroline Hominal ou Théo Mercier). De 2005 à 2016, il crée avec Cecilia Bengolea plusieurs spectacles dont Sylphides (2009), (M)IMOSA (avec Trajal Harrell et Marlene Monteiro Freitas, 2011) et Dub Love (2013). En 2021, il fonde Mandorle Productions, affirmant une démarche marquée par de nombreuses coopérations. Il crée avec Nino Laisné Romances inciertos, un autre Orlando (2017), puis Symphonia Harmoniæ Cælesitum Revelationum (2019) avec Marie-Pierre Brébant. En 2020, il co-signe GOLD SHOWER avec l’icône du butoh Akaji Maro, et crée Un boléro avec Dominique Brun. Son œuvre s’étend aussi vers des pièces de groupe, en 2018, il crée Soufflette pour le ballet norvégien Carte Blanche et en 2022 t u m u l u s, avec Geoffroy Jourdain (Les Cris de Paris). Il créé en juin 2023 Cortèges avec le compositeur Sasha J. Blondeau et créera en octobre la pièce Mirlitons avec le beat boxer Aymeric Hainaux. Son travail est représenté dans le monde entier et il est actuellement artiste associé à Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy, à Chaillot – Théâtre national de la Danse à Paris ainsi qu’à la Maison de la danse et à la Biennale de la danse de Lyon.
Danse, poésie, musique et chants portés par la jeunesse rwandaise sous le regard aiguisé et puissant d'une chorégraphe ardente et engagée.
En savoir plusRéunion de deux chorégraphes aux esthétiques multiples, ouvrant NDT 2 à une danse innovante entre rythmes hypnotiques, folklore, modernité et physicalité.
En savoir plusAvec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
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