CRÉATION 2023
Pièce pour 9 interprètes
Conception, chorégraphie, son et lumière Dalila Belaza
Interprétation Jamil Attar, Paulin Banc, Dalila Belaza, Erica Bravini, Adam Chado, Mohammed Ech-Charquaouy, Andrés Garcia Martinez, Dovydas Strimaitis, Clara Delorme et Elie Tremblay
Régie lumière Alexandre Barthélémy
Régie son Solal Mazeran
Photographies Pietro Bertora
Production hiya compagnie – association Jour
Coproduction Montpellier Danse ; Théâtre de la Ville de Paris ; CNDC Angers ; Charleroi Danse – Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; CCN2 – Centre Chorégraphique National de Grenoble ; CCN – Ballet National de Marseille
Soutiens DRAC Ile-de-France ; Région Ile-de-France ; ADAMI ; Avec le soutien du mécénat de la Caisse des Dépôts
Mise à disposition CN D Pantin ; La Briqueterie / CDCN du Val de Marne
COMMUNAUTÉ
La question de la communauté me parle d’une nature de lien rare dans le sens d’être et de faire corps ensemble. Transposée au plateau cette notion de communauté est pour moi l’occasion de faire s’incarner un corps unique et symphonique qui donne à voir l’humanité comme un paysage vivant.
L'expérience de Au cœur, ma pièce précédente, avait contribué à me projeter à partir d’un grand ensemble ce qui m’a permis d’appréhender le groupe avant l’individu et de considérer ce que je pouvais créer de commun qui pouvait lier un nombre conséquent de personnes à travers une expérience de danse. Une expérience qui plongerait chacun au cœur d’un espace intérieur où se créent des paysages de perception reliant et accordant l’humain à son contexte.
C’est dans ce sens, aujourd’hui, que je souhaite inviter 10 danseurs à participer à cette création ; car le nombre peut créer l’exaltation quand ce qui nous meut est assez fort pour nous lier. Chacun, alors, trouve sa place en relation aux autres. On s’équilibre nécessairement les uns les autres.
INTENTION
Pour Rive, je fais le choix de travailler sur la question du rythme comme fil rouge. Mon point de départ est le pas de la bourrée qui se transmet d’une communauté à une autre comme par glissement d’une réalité à une autre. Je cherche ce qui peut naître de la persistance rythmique de ce pas et son possible déploiement dans le corps et dans l’espace. Un rythme qui en persistant peut manifester une intensité tellurique et se propager.
Dans cette pièce, l’humain se laisse traverser et se dépouille des représentations pour entrer dans une danse vibratoire qui le relie à une dimension au-delà de sa condition. Un état de sensibilité qui autorise un mouvement à la fois libre et composé. Cherchant à ce que le corps devienne autre chose, traversé par d’innombrables images et dans des variations rythmiques allant de la lenteur à la vitesse. Cherchant à atteindre une forme de liesse.
Je me représente l’apparition des danseurs dans la pièce comme un élément qui permet au temps sur le plateau de changer de valeur mais aussi comme une présence au seuil de la réalité et de l’immatérialité. Tout à la fois une hallucination, un écho, un atavisme. Mon intention, dans Rive est clairement de poursuivre une recherche qui me tient à coeur et qui participe de rassembler et de questionner l’altérité, des altérités. Inventer des formes de cérémonies où des mondes lointains se mêlent, me sert à révéler ce qu’il y a de commun, de vivant et d’intemporel. Un geste qui manifeste autant la mémoire que l’oubli.
En ce sens, Rive développe et amplifie le geste initié dans Au cœur en emmenant de l’autre côté de la rive sur le terrain d’un langage sans contour, hors du temps pour parvenir à un état de transcendance.
LES AUTRES MOUVEMENTS
Cette recherche, que je mène à présent depuis plusieurs années, me permet également de développer des outils d’écriture propres à pénétrer ces formes de cérémonies. L’écriture de la trame lumière par exemple autant que celle du son sont des éléments centraux dans ma démarche. Je tente par ces biais de transformer une unité d’espace et de temps.
Dans Rive, je souhaite approfondir le dialogue de la lumière avec la danse et l’espace dans lequel elle est contenue. Le travail sur la lumière me pousse à résoudre des limites de cadre et à rendre à l’espace scénique un pouvoir fictionnel. Je cherche, aussi, par la lumière à créer la sensation de temps. Entrer dans le temps des transformations de la danse qu’elles soient fugaces ou lentes.
J’imagine des péripéties de mouvements lumineux à la fois en dialogue avec la danse et dissociées d’elle.
Je souhaite créer des déplacements de la lumière qui induisent des agrandissements et réductions de formats de ce qui est vu, à la manière des trajectoires d’une caméra qui recrée différentes dimensions de l’espace et par conséquent différents points de vue également. Comme par exemple faire disparaitre une partie d’un tout pour se concentrer sur un fragment et faire rentrer dans ce fragment d’autres éléments de contexte qui créent de la profondeur de champ.
La danse, la lumière et la bande sonore peuvent se rencontrer pleinement portées par les mouvements intrinsèques de chacune et être en soi partie prenante de la création. Il m’importe que chaque élément soit un objet en soi qui emmène quelque part à lui seul.
Dalila Belaza
Enfant, Dalila Belaza ne danse pas, elle écoute. Les contes, transmis par tradition orale dans le cercle familial, infusent son imaginaire et lui donnent le goût du récit. Ces histoires, berceau de sa pratique, prennent vie sur scène au travers des corps. Loin d'être muette, sa danse nous fait voir le récit qui l'a habitée, ainsi qu'en un miroir tendu au paysage : « le point de départ d'une expansion intérieure sans fin et sans retour d'une route qui se dessine, de paysages qui se manifestent, de tout ce qui n'existait pas l'instant d'avant moi ». (1)
Sur ce territoire autrefois interdit et pour toujours étranger, Dalila Belaza trace son chemin depuis bientôt trente ans. Un sillon infiniment fertile, nourri par une intuition immédiate : la danse ne sera ni un moyen de séduction, ni une fabrique à images spectaculaires, ni un exutoire. Telle une équilibriste, elle cherche à comprendre ce qui nous échappe, tout en se dérobant à toute tentative de définition. La danse est un mystère en mouvement. En travaillant la disposition et la disponibilité des corps, tant au niveau de la posture que du souffle et du rapport à l’espace, elle façonne chaque geste pour se tourner, tout entière, vers l’écoute. « Dalila Belaza remarque qu'elle a toujours considéré “l'espace du travail comme un espace sacré", témoignant un respect particulier pour ce qui allait être vécu : un acte pur dégagé [d’elle]-même. »(2)
Sa démarche, guidée par une nécessité de sens et d'élévation, est avant tout un mouvement de recherche : celui de donner corps à l’invisible et au trouble, afin de plonger spectateurs et interprètes dans l’expérience de ce qui est en eux. En tournant son regard vers l'intérieur, Dalila Belaza ne danse pas pour autant la fermeture. Les mémoires profondes du corps, habité par un espace intérieur sans limite, font de l’intimité un monde tout entier à explorer.
« Je recherche le récit intime, mystérieux et immuable qui sommeille en nous. Ce qui parle de l’être dans un sens essentiel et qui peut rassembler. Je crée pour cela les conditions qui permettent d’ouvrir, de questionner l’intime ; comme pour en extraire une histoire des hommes réinventée. » Dalila Belaza
Ce monde, elle l’a d’abord parcouru au côté de sa sœur, la chorégraphe Nacera Belaza, à qui elle est liée par une exigence commune et une approche du corps en tant que phénomène en lien à d’autres phénomènes. La danse comme cheminement intérieur, plongée verticale, langage opaque mais essentiel, les unit durablement. Interprète et partenaire artistique privilégiée de la compagnie éponyme de sa sœur, Dalila Belaza est, vingt ans durant, telle un alter ego en sa maison. C’est en se rendant en Aveyron, en 2019, qu’elle rencontre l'altérité : le groupe de danse folklorique Lous Castelous. Mue par une certitude profonde, Dalila Belaza sait la nécessité pour elle d’aller maintenant sonder un monde nouveau en tant que chorégraphe et interprète. Dès lors, elle crée un espace pour elle-même, hiya compagnie.
C’est parce que la danse existe avant tout dans la résonance, que les trois premières créations de sa compagnie, Au cœur, Figures et Rive, s’inscrivent dans une continuité cohérente, ramification d’un long cheminement intellectuel, entamé par Dalila Belaza bien avant la création de sa compagnie. Son imagination, réseau de sens intarissable, irrigue ces pièces d’une même intention matricielle : créer des intersections entre la mémoire des rituels folklorique et les gestes de la danse contemporaine afin que jaillisse un troisième territoire, la danse comme un langage universel et hors du temps.
Sur la sente de son imaginaire, Dalila Belaza fait étape à La Briqueterie - CDCN du Val-de-Marne, où elle sera artiste associée de 2024 à 2026. En 2025, elle donnera forme à sa prochaine création Orage.
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(1), Dalila Belaza
(2), Frédérique Villemur, Entre deux rives, Actes Sud, 2018
(3), Biographie rédigée par Clara Colson
+ Bord de scène
Jeudi 14 novembre à l'issue de la représentation
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