Programme de salle

Cécile Loyer

Villes de papier

durée : 45 min

Générique

CRÉATION 2022
Pièce pour 4 interprètes

Chorégraphie Cécile Loyer
Assistant à la chorégraphie Éric Domeneghetty
Interprétation danse Sonia Delbost-Henry, Steven Hervouet, Mai Ishiwata et Karim Sylla
Création lumière Coralie Pacreau
Textes Violaine Schwartz d’après des entretiens avec Karim Sylla
Musique Sylvain Chauveau
Plasticien Barbu Bejan
Régie son Emmanuel Baux

Production C.LOY
Coproduction Équinoxe, Scène Nationale de Châteauroux ; Centre chorégraphique national de Tours - direction Thomas Lebrun

Note d'intention

Dans les années 1930, aux États-Unis, l’augmentation rapide du nombre d’automobiles entraîna la construction de nombreuses autoroutes et, avec elles, la création des stations-services. Dans chacune d’entre elles, les automobilistes, qu’il fallait fidéliser, recevaient en cadeau des cartes routières. Chaque compagnie pétrolière avait son cartographe et imprimait ses propres cartes routières. Et, pour s’assurer que ses cartes n’étaient pas copiées par les concurrents, chaque cartographe y inscrivait de fausses villes, des villes imaginaires… des villes de papier, comme une signature ou un copyright.

Au mois de janvier 2020, je rentrais à la maison avec mon fils César (11 ans à l’époque) à qui j’avais raconté cette histoire, et nous sommes passés devant un campement de réfugié·es installé depuis plusieurs semaines le long du canal de l’Ourcq (Paris, XIXe). C’était un regroupement de tentes identiques, collées les unes aux autres. Du linge était suspendu sur des fils accrochés aux arbres, aux poteaux électriques, coincés entredeux pierres ou deux bouts de bois. Il y avait aussi un baril d’où sortait de la fumée… Mon fils m’a dit alors : « Tu as vu, c’est un village de papier ! » On a continué à marcher quelques mètres, en silence, et tout à coup il s’est écrié : « Non ! ce n’est pas ça… parce que, eux, ils sont là pour de vrai, mais ils ne sont pas écrits sur la carte. »
Ils ne sont pas « écrits »… en effet. Ils ne sont inscrits sur aucune carte, sur aucun papier, nulle part.

En 2020, je me suis lancée dans la création d’une série de pièces intitulées Kartographie(s).Ces pièces ont réuni une trentaine d’amateur·rice·s, habitants et habitantes des départements où elles ont été créées et présentées, et quatre danseurs et danseuses professionnelles ; des femmes, des hommes, des adolescent·e·s et, parmi eux, des demandeur·euse·s d’asile. Notre souhait pour ce projet était de témoigner ensemble de la question de l’accueil des réfugié·e·s, aujourd’hui, en France. À l’automne 2020, la crise a rendu difficile l’aboutissement des deux Kartographie(s) entreprises à Châteauroux d’abord, puis Orléans.

Mais le problème reste entier et je remarque que mes enfants se sont habitués à voir des personnes allongées sur les trottoirs – au risque de ne plus les voir du tout. Je veux qu’ils apprennent à s’indigner, à dire non à cette normalisation de l’inhumanité, et qu’ils sachent que l’on peut agir, même par des gestes simples. Avec Villes de papier, j’ai donc décidé de poursuivre cette recherche avec (presque) la même équipe, en pensant et en m’adressant cette fois à un public d’enfants à partir de 8 ans.
Karim Sylla a rejoint les danseur·euse·s Sonia Delbost Henry, Mai Ishiwata et Steven Hervouet. En 2003, sans rien dire, Karim a quitté sa famille parce qu’il ne voulait plus être une charge pour sa mère. Il avait alors 13 ans. Il a aujourd’hui 21 ans et commence doucement à se reconstruire, en dansant.

J’ai également demandé à l’écrivaine Violaine Schwartz, avec qui je collabore depuis 2014, de nous accompagner pour cette création, en s’appuyant sur le témoignage de Karim Sylla.

Avec Barbu Bejan, plasticien et scénographe, c’est notre première collaboration. Nous avons pensé au principe des diapositives – un support dépassé, presque oublié, qui nous a plu pour cette raison même ; non pour le côté nostalgique qu’il peut véhiculer, mais pour la « sécheresse » de son mécanisme, avec la diapositive qui arrive et qui repart, le bruit que cela produit, le grain de l’écran entre deux images… Barbu a créé des diapositives uniques, de petits tableaux qui s’alignent et se succèdent, comme pour composer des récits de voyage.

Cécile Loyer

Cécile Loyer

Diplômée du CNDC d’Angers, Cécile Loyer collabore, en tant qu’interprète, aux créations de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux (1994-1995), Catherine Diverrès (1996-2000), Karine Pontiès (2001-2005), Josef Nadj (2004-2010) et Caterina Sagna (2012-2013), et en tant que chorégraphe à la création de Paul Desvaux (2017, Lulu de Frank Wedekind).

Lauréate, en 2000, du prix Villa Médicis hors les murs, elle travaille 6 mois à Tokyo auprès de la maître de butô Mitsuyo Uesugi dont elle sera l’assistante pour l’Europe entre 2000 et 2005.

C’est en 2000, pendant son séjour au Japon, qu’elle commence à chorégraphier et crée un premier solo, Blanc, qui a reçu le 1er Prix au concours des jeunes créateurs de l’Espace Pier Paolo Pasolini à Valenciennes. La même année, elle fonde la compagnie C.LOY, au sein de laquelle elle a, depuis, signé ou co-signé une vingtaine de pièces : Ombres (2001), Puppi, en collaboration avec Mitsuyo Uesugi (2003), Raymond (au paradis) (2004), Rois (2005), Fiasco + (2005), Que Tal, ou comment vouloir peut être un problème, en collaboration avec Thomas Lebrun (2007), Blanc (ou la mariée est un homme) (2007), Soldats (2009), Morpho(s), en collaboration avec Eric Brochard (2010), Moments d’absence (2011), Cascade, en collaboration avec Joelle Léandre (2012), L’Hippocampe mais l’hippocampe, en collaboration avec Violaine Schwartz (2014), Une pièce manquante (2014), Cirque (2016), T.A.C. (2016), 4 X 100 Mètres, en collaboration avec Violaine Schwartz (2019), Kartographie(s) (2020), Et donc! en collaboration avec Violaine Schwartz, Villes de papier (2022) et Frappez fort (comme pour réveiller les morts), une pièce pour 8 danseur·euse·s (2023).

Dans le cadre de la coopération décentralisée entre l’État du Tamil Nadu en Inde et la Région Centre-Val de Loire, elle crée Histoires vraies en 2014 et Monde à l’envers en 2018.

En 2018, elle est interprète dans la dernière création de Romain Bertet, Écouter Voir. En 2021, elle est interprète dans la création de Thomas Lebrun, Mille et une danses, créée au festival Montpellier Danse.

Depuis 2011, elle dirige La Pratique, Atelier de Fabrique Artistique, à Vatan dans le département de l’Indre.

Elle travaille actuellement à la ré-creation de Cirque et à Sans crier gare, une pièce conçue et jouée pour et dans les gares.

La compagnie C.LOY

Créée en 2000, la compagnie C.LOY a soutenu et coproduit 21 créations de la chorégraphe Cécile Loyer.
Le travail de Cécile Loyer, élève puis assistante de la maître de butô Mitsuyo Uesugi, prend racine au Japon où elle crée son premier solo, Blanc, à Tokyo en 2000. Sans se réclamer du butô, sa recherche est encore marquée parcette pratique et son rapport au temps. Elle lie parfaitement son parcours de danseuse contemporaine, formée au Centre National de Danse Contemporaine, interprète de Catherine Diverrès, Josef Nadj, Karine Ponties, Caterina Sagna à son expérience du butô. Avant d’être chorégraphe, Cécile Loyer est danseuse et a un rapport physique au plateau et à l’espace. La danse qu’elle recherche n’a de sens que parce qu’elle est partagée, qu’à chaque fois, elle se réécrit et se remet en jeu. Tous ces spectacles sont écrits, ils ont un cadre et un temps, toujours identiques, mais ils questionnent « l’instant », à chaque représentation, en se nourrissant physiquement de l’échange avec le public. La chorégraphe ne cherche pas tant la beauté ou la maîtrise du geste que la conscience d’agir ici et maintenant, et la nécessité de donner leurs places aux plus petits détails et à la fragilité des corps. Elle aime collaborer avec des musiciens, des peintres, des écrivains et des cinéastes qui lui font découvrir d’autres façons de travailler et d’inventer. Aussi, elle souhaiterait que chaque création ouvre un univers et que sa danse ne se fige jamais dans une méthode ou un savoir-faire. Chaque pièce est une étape, non une finalité, chaque pièce ouvre des portes pour continuer à chercher.

Séances en Langue des Signes Française

Vendredi 04 oct. à 14h30 (représentation scolaire) et samedi 05 oct. à 15h00
Imaginées avec les équipes artistiques, les représentations adaptées en Langue des Signes Française intègrent au spectacle des comédien·ne·s sourd·e·s ou comédien·ne·s interprètes qui signent le français parlé.
Adaptation réalisée par la Cie On Off / en savoir + sur l'accessibilité à la Maison de la danse

Aller plus loin

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Une minute pour tout savoir sur la chorégraphe

Entretien

En 2020, la Compagnie s'est entretenue avec Cédric Herrou, agriculteur et actif dans l'aide aux personnes étrangères en situation non régularisée.
écouter l'entretien
Prochainement à la Maison
18 > 19 oct.
Mickaël Phelippeau
Majorettes

[à partir de 12 ans]
Le chorégraphe tire le portrait des Major's Girls, une troupe de majorettes d'une moyenne d'âge de soixante ans, et révèle des femmes qui n'ont pas dit leur dernier mot. Un spectacle festif et revigorant, une rencontre humaine inoubliable.

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19 > 23 nov.
Golden Stage Tour

[à partir de 10 ans]
Krump, new style, break : les meilleurs crews hip hop sont de retour à Lyon avec un Golden Stage de très haut niveau.
Une soirée placée sous le signe de l'excellence et de la vitalité, de la joie et de la générosité !

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