CRÉATION 2024
Pièce pour 6 interprètes et 5 musiciennes
Conception et chorégraphie Noé Soulier
Avec Julie Charbonnier, Nangaline Gomis, Yumiko Funaya, Samuel Planas, Mélisande Tonolo, Gal Zusmanovich
Musique pièces de Johann Sebastian Bach appartenant à l’Art de la fugue et mouvements de sonates
Interprétée par l’Ensemble il Convito : Maude Gratton (clavecin et direction), Amélie Michel (traverso), Eva Saladin (violon), Claire Gratton (viole de gambe), Ageet Zweistra (violoncelle)
Assistante Stephanie Amurao
Collaboration artistique Julie Charbonnier, Nangaline Gomis, Yumiko Funaya, Samuel Planas, Mélisande Tonolo, Gal Zusmanovich
Scénographie Noé Soulier, Kelig Le Bars, Pierre Martin Oriol
Dispositif vidéo Pierre Martin Oriol
Création lumière Kelig Le Bars
Régie lumière Nicolas Bazoge
Ingénierie sonore et régie vidéo Jérôme Tuncer, Jérémie Charron
Direction technique François Le Maguer
Régie générale Mathilde Monier
Production et diffusion Céline Chouffot, Adèle Thébault
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Production Cndc — Angers.
Coproduction Il Convito ; Théâtre de la Ville ; Angers Nantes Opera ; Romaeuropa Festival ; Espaces Pluriels Scène conventionnée danse ; Theater Freiburg ; Arsenal Cité musicale de Metz ; Maison de la danse, Lyon — Pôle européen de création ; Théâtre Auditorium de Poitiers ; Chaillot Théâtre national de la Danse.
Avec le soutien de l’OARA (accueil en résidence), du Centre National de la Musique, de la Villa Albertine et de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels.



Se surprendre soi-même
Cette nouvelle création prolonge la recherche menée dans mes deux derniers projets : le film de danse Fragments et la pièce First Memory. J’y ai poursuivi l’exploration du mouvement présente dans mes pièces précédentes, mais pour la première fois, nous avons construit les phrases de mouvement par improvisation. Il s’agit d’une pratique de l’improvisation à partir de tâches extrêmement précises. J’essaie de déjouer l’aspect prévisible d’une improvisation spontanée, où les habitudes motrices des danseur·euse·s se déploient librement, comme celui d’une écriture planifiée, limitée par mes propres automatismes compositionnels. Lorsqu’un·e interprète parvient à créer consciemment des situations où sa spontanéité ne peut s’appuyer sur des schémas établis, une dimension plus profonde et plus intime de son approche du mouvement s’exprime : il se sauve d’une situation qu’il a lui-même construite et fait ainsi émerger des transitions instinctives entre les mouvements que seul lui peut convoquer. Ces matériaux générés par improvisation ont été filmés puis reconstruits.
Expressivité non narrative
Le vocabulaire chorégraphique que je tente de développer n’est pas purement abstrait. Il s’appuie sur des actions pratiques détournées de leur but d’origine comme attraper, éviter, frapper ou lancer. La reconnaissance de ces actions est rendue impossible par de nombreuses distorsions : absence des objets visés, parties du corps inadaptées, combinaisons de direction inorganiques... Ces actions détournées portent une charge affective et émotionnelle que n’ont pas des mouvements purement formels. Elles créent une expressivité non narrative. C’est précisément cette strate d’expressivité, qui se situe entre le mouvement formel et la fiction narrative, que je souhaite explorer. Celle-ci rejoint la collaboration musicale au coeur de la pièce.
Polyphonie d’affects
Les pièces contrapuntiques de Johann Sebastian Bach appartenant à l’Art de la fugue sont marquées par leur inventivité mélodique et harmonique. Les fugues ne sont pas construites sur un modèle de développement narratif comme peuvent l’être de nombreuses sonates, concertos ou symphonies du répertoire classique et romantique. Mais, si elles se concentrent sur une construction polyphonique extrêmement abstraite, les matériaux thématiques qu’elles utilisent sont très expressifs. Je souhaite explorer la même tension entre matériaux chargés affectivement et construction polyphonique. Elle me semble permettre de saisir une dimension cruciale de notre expérience intime. Celle-ci ne connait jamais la simplicité et la linéarité d’un schéma narratif. Au contraire, nos expériences les plus intenses comme les plus infimes sont complexes et polyphoniques. C’est cette dimension non linéaire de notre expérience affective que je souhaite sonder.
Vidéo et microcosme chorégraphique
Close Up prolonge également sur scène la recherche menée dans le film de danse Fragments avec l’utilisation de la vidéo en temps réel. Dans Fragments, j’ai positionné un cadre physique entre la caméra et les danseur·euse·s pour renverser le rapport entre la chorégraphie et sa captation. Ce cadre, qui ne capturait que le centre du corps des danseur·euse·s, correspondait exactement à l’espace enregistré par la caméra et nous a permis de véritablement chorégraphier pour l’espace spécifique de la caméra au lieu de trouver des manières de filmer des phrases de mouvement préexistantes. Nous avons ainsi pu créer un microcosme chorégraphique où chaque détail — torsion du buste, inclinaison de la tête, position des doigts — prend une importance considérable.
De petits microphones posés sur le cadre ont permis de créer une intimité visuelle, mais aussi sonore avec les gestes des interprètes. Pendant le tournage, il s’est avéré particulièrement intéressant d’observer le rapport entre l’action de danser pour la caméra et l’image générée par la danse. C'est le potentiel de cette approche de la chorégraphie filmée sur scène qui est exploré dans Close Up.
Celle-ci offre un changement d’échelle radical qui permet d’être extrêmement proche des corps tout en leur donnant des proportions architecturales. La chorégraphie envahie ainsi la scénographie.
Contrairement à un usage courant de la vidéo en danse, il ne s’agit pas ici de donner un autre point de vue sur une chorégraphie pensée pour la scène, mais bien de confronter deux types de chorégraphie, une pour l’espace physique de la scène et l’autre pour l’espace bidimensionnel de la projection.
Je cherche ainsi à générer une scène multiple ou plutôt une cohabitation de plusieurs scènes dans un même espace qui peuvent interagir différemment avec la musique.
Noé Soulier

Né à Paris en 1987, Noé Soulier construit une œuvre chorégraphique où se croisent analyse historique, philosophie et expérimentation corporelle. Formé au CNSMD de Paris, à l’École Nationale de Ballet du Canada et à P.A.R.T.S., il a également obtenu un master en philosophie à la Sorbonne. Son écriture repose sur l’exploration de buts pratiques — frapper, éviter, attraper, lancer — qui orientent l’énergie du corps. En les détournant, il invente une danse où les gestes visent des objets absents ou imaginaires, produisant des variations d’intensité et de tension qui suscitent chez le·la spectateur·ice une expérience à la fois kinesthésique et affective, comme en témoignent Petites perceptions (2010), Faits et gestes(2016), Les Vagues (2018) ou Close Up (2024).
En parallèle, il mène une recherche théorique qui prend la forme de performances (Mouvement sur mouvement, 2013) ou de publications (Actions, mouvements et gestes, 2016), visant à transformer la manière dont le mouvement est perçu, en renversant les hiérarchies entre corps et pensée, pratique et théorie.
Noé Soulier brouille aussi les frontières disciplinaires : dans Performing Art (2017), il transforme l’accrochage d’une collection muséale en chorégraphie ; dans Close Up, il confie aux interprètes le cadrage de leur propre image filmée. Ses collaborations avec des artistes comme Thea Djordjadze, Karl Naegelen ou Tarek Atoui prolongent ce désir de porosité entre champs artistiques.
Il a chorégraphié pour le Nederlands Dans Theater, la Trisha Brown Dance Company, le Ballet de l’Opéra de Lyon, L.A. Dance Project et le Ballet deLorraine.
Depuis 2020, il dirige le Cndc – Angers, institution unique qui associe création, école supérieure et programmation internationale. Lauréat du concours Danse Élargie (2010), il est élu Personnalité chorégraphique de l’année par leSyndicat professionnel de la critique (2024) et reçoit le Prix chorégraphie de la SACD (2025).

Fondé en 2015 sur des bases chambristes autour du clavecin, du pianoforte ou de l’orgue de Maude Gratton, l’ensemble et orchestre il Convito est un espace de création portant des projets artistiques forts et choisis interrogeant la rencontre entre Musique, Arts et Histoire. La diversité des claviers anciens est le coeur et le fil rouge de différents chapitres révélant une architecture intérieure autour et sur les pas de Johann Sebastian Bach.
L’ensemble explore sur instruments historiques le répertoire baroque puis les courants artistiques s’entremêlant à une période charnière de cohabitation entre Lumières et préromantisme, jusqu’à la filiation menant au coeur du XIXe siècle.
il Convito chemine sur une voie singulière et engagée, dessinant une histoire partagée à l’écoute du geste. Des projets travaillant la subtilité du croisement entre les différentes matières et écritures (danse, arts du cirque, arts visuels…) naissent chaque année, et il Convito s’engage régulièrement auprès des compositeur·rice·s d’aujourd’hui.
il Convito s’appuie sur une équipe de solistes d’envergure internationale et multiplie les collaborations artistiques fortes comme avec Les Basses Réunies (dir. Bruno Cocset), le claveciniste Pierre Hantaï, le violoncelliste Christophe Coin, l’historienne de l’Art Anne Delage, le compositeur Nicolas Frize, l’ensembleTM+ (dir. Laurent Cuniot). Des projets sont en cours de développement avec le chorégraphe Noé Soulier et la photographe Aurélia Frey.
il Convito s’investit dans la transmission et le partage : ensemble fondateur en 2017 du MM Festival, festival de Musique en Mouvement à La Rochelle, l’ensemble mène un important travail sur son territoire d’implantation en Région Nouvelle-Aquitaine, crée en 2021 la Saison du MM puis l’Orchestre du MMen 2022.
Le 1er disque d’il Convito paru chez Mirare et consacré aux concertos pour clavecin de Wilhelm Friedemann Bach a été nominé à la Shortlist Gramophone Awards 2016. Le 1er disque en orchestre est en cours de parution, il sera consacré aux doubles concertos pour clavecin(s) et pianoforte de Carl Philipp Emanuel & Wilhelm Friedemann Bach avec comme invité le réputé claveciniste Pierre Hantaï.
il Convito est soutenu par la DRAC Nouvelle-Aquitaine, la Région Nouvelle Aquitaine, la Ville de La Rochelle, le département Charente-Maritime, l’OARA(Office Artistique Région Nouvelle-Aquitaine), l’ADAMI, la Spedidam et le CNM. ilConvito reçoit le soutien de la Caisse des Dépôts, mécène principal del’ensemble et de la MAIF pour ses actions de médiation envers le jeune public.
La Banque de France est grand mécène de l’ensemble et orchestre il Convito.
Par d'autres voix de Ambra Senatore
+ d'infos
Mercredi 26 nov. à l'issue de la représentation
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